mercredi 14 mai 2025 à 19:11
Lors de sa conférence annuelle Config, Figma a lâché une annonce qui fait grincer des dents autant qu’elle intrigue : l’arrivée de Figma Sites, un outil qui permettrait aux designers de transformer leurs maquettes en véritables sites web. Une ambition claire : casser la chaîne traditionnelle design > dev > CMS, et offrir un circuit ultra-court du prototypage à la mise en ligne.
Figma Sites n’est pas encore un produit totalement opérationnel — l’outil est en version bêta, et reste réservé aux abonnés complets de la plateforme. Mais déjà, les ambitions sont posées. Et elles sont sérieuses.
Ce que propose Figma, ce n’est pas juste un nouveau builder. C’est un environnement intégré où l’on design, on anime, on documente, on collabore — et désormais, on shippe. En une seule plateforme, on passe du prototype à la prod. Tout ça, boosté par Figma Make, une brique IA alimentée par Claude 3.7 (Anthropic), qui permet de générer du code interactif à partir d’instructions en langage naturel. Oui, tu peux écrire "au clic sur ce bouton, afficher ce bloc" et Figma le comprend. Figma Sites intègre des fonctionnalités telles qu’un système de gestion de contenu (CMS), qui est prévu pour être lancé plus tard cette année. L'objectif est de permettre aux utilisateurs de concevoir, prototyper et publier des sites web sans quitter l'environnement Figma.
À ce jour, Figma Sites n’affiche pas encore de grille tarifaire officielle. On sait simplement que l’accès est limité aux utilisateurs disposant du plan "Professional" ou supérieur. Et c’est bien ce point qui fait tiquer la communauté.
Beaucoup de designers craignent un modèle économique premium (voire élitiste), à l’image de Figma lui-même depuis son rachat par Adobe. La réception reste donc mitigée, puisque certains utilisateurs expriment des préoccupations concernant la tarification potentiellement élevée, surtout après l'augmentation des prix des abonnements Figma avec l'introduction des nouvelles fonctionnalités basées sur l'IA. Ce flou tarifaire alimente déjà des débats houleux sur X et Reddit. On peut y lire des phrases comme "on sent l’abonnement à 49 $/mois arriver en douce" ou "encore un outil qui ne sera rentable que pour les grosses agences".
Soyons clairs : l’annonce a excité les early adopters et les UX addicts. Mais elle a aussi refroidi ceux qui attendaient un concurrent ou alternative à Webflow plus démocratique. Certains pointent le manque de CMS natif dans cette bêta. D’autres, l’absence d’options SEO avancées (meta description, sitemap, redirections). Bref, Figma Sites semble encore loin d’être un outil complet pour des sites client-ready.
Côté performance, rien de quantifiable n’a été communiqué. Pas de benchmark de chargement, de note Lighthouse ou de gestion des assets responsive. Pour un outil qui veut concurrencer Webflow — roi du pixel-perfect et du chargement rapide — ça manque de clarté. Le Figma vs Webflow s’annonce houleux. Sortez les popcorns.
Si Figma livre ses promesses, le paysage va changer. Webflow risque de perdre un segment entier de designers qui n’avaient déjà pas envie de se frotter au HTML/CSS. WordPress, lui, observe tout ça de loin, toujours dominant grâce à sa flexibilité… mais coincé dans un écosystème fragmenté et énergivore.
Là où Figma pourrait faire la différence ? Sur la synergie d’équipe. Ce que les autres CMS n’ont jamais vraiment réussi à faire, Figma l’a intégré dans son ADN : du design collaboratif natif, des composants partagés, une culture produit pensée pour les équipes tech/design. Si cette logique est bien portée dans la version finale de Sites, ce ne sera pas qu’un builder de plus. Ce sera un écosystème.
Aujourd’hui, Figma Sites est une bêta prometteuse mais incomplète. Les utilisateurs attendent :
Un vrai CMS.
Une gestion propre des performances.
Des options SEO sérieuses.
Et surtout, un modèle de tarification clair.
Chez Pinstrap, on regarde ça de près. On voit déjà les opportunités, les limites, et les dérives possibles. Si Figma réussit son pari, c’est tout le workflow créatif qui basculera vers un modèle intégré. Si l’outil reste flou, cher, ou trop fermé, il finira comme beaucoup d’annonces "révolutionnaires" : dans les favoris non ouverts des designers en burnout.
En attendant : Webflow peut dormir d’un œil, WordPress peut continuer à faire sa sieste. Mais Figma vient de pousser la porte. Et il n’a pas frappé avant d’entrer.
Au plaisir de vous revoir :
Co-fondatrice de Pinstrap. J’aime les pixels bien placés, les mots bien sentis, et les concepts qui laissent une trace (dans la tête, pas dans l’atmosphère). Dotée d'un humour indéniablement violent, je vulgarise les sujets complexes pour que chacun, même le plus éclaté, comprenne les sujets relatifs à la com'/ marketing/ design/ tech etc. En gros je vous facilite la vie et vos projets de fac ou d'école de commerce.